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Emilie Simon : « Je m’interroge sur les attentes du public »

Emile Simon, sur le plateau de l'émission "C'est à vous", le 18 avril 2023
Emile Simon, sur le plateau de l'émission "C'est à vous", le 18 avril 2023 © Manuel Lagos Cid / Paris Match
Benjamin Locoge , Mis à jour le

Emilie Simon a décidé de réenregistrer intégralement son premier album paru en 2003. Pour mieux envisager l’avenir.

Non, Émilie Simon n’est pas en panne d’inspiration. « J’ai deux albums prêts à sortir », sourit la musicienne de 44 ans. « L’an passé, j’ai eu cette envie de refaire “Désert”, le premier titre de mon premier album. Puis j’ai enchaîné avec “Lise” et, au final, je me suis retrouvée à retravailler tout le disque. » « ES » est la réinvention d’un album fondateur.

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En 2003, peu de musiciennes osent ­s’aventurer sur le terrain de la chanson électronique, l’ombre de Björk étant souvent glaçante. Émilie Simon, elle, s’était lancée dans des études de musicologie, quittant son Montpellier natal pour rejoindre Paris. « Ce sont des années intenses, où l’on apprend vraiment l’histoire de la musique, de la chanson médiévale à la musique concrète. Forcément, le ­format “chanson” n’est pas vu comme quelque chose de noble, mais il m’est apparu comme le plus évident. Comment raconter en trois ou quatre minutes ce que j’ai envie de dire a ­toujours été un défi passionnant à mes yeux. »

Quand « Émilie Simon » sort, le disque emballe la presse, les concerts qui suivent affichent vite complet et Émilie est appelée par le cinéma. Luc ­Jacquet prépare alors « La marche de ­l’empereur », documentaire sur la vie des manchots empereurs en ­Antarctique. « J’avais commencé à ­bosser sur “­Végétal”, mon deuxième disque, quand la proposition est arrivée. Je ­terminais “Ice Girl”, un titre où je me servais de bruits de glaçons. J’ai adoré travailler avec des images. »

Je suis ­rentrée à Paris après le Covid pour être plus près des miens.

Émilie Simon

Le succès international du ­documentaire projette la musique ­d’Émilie dans une autre sphère. Et même si les États-Unis ­commandent une autre bande-son au film, Émilie s’installe à New York. « J’y suis restée plus de dix ans, je suis ­rentrée à Paris après le Covid pour être plus près des miens. J’ai adoré cette ville, elle a été une ­formidable source d’inspiration. » « The Big Machine », paru en 2009, en porte d’évidents stigmates.

Durant sa période américaine, ­Émilie a aussi dû faire face à la mort brutale de son compagnon de la grippe H1N1, survenue lors de vacances en Grèce. Elle lui dédiera son ­merveilleux album « Franky Knight », aujourd’hui indisponible sur les plateformes…

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J’ai grandi avec l’idée qu’un album était un marqueur important dans une carrière. Mais est-ce encore le cas ?

Émilie Simon

« Mue », sorti en 2014, est son ­dernier disque studio, symbole alors d’un renouveau. Quand on lui fait remarquer que dix années se sont écoulées depuis, Émilie s’étonne. « Je n’ai pas arrêté la musique pour autant, au contraire. J’ai sorti un EP de cinq titres pendant le confinement et, six mois plus tard, j’ai refait les mêmes chansons en mode ­bossa-nova… »

Retravailler toujours, reprendre sans cesse, une manière de ne pas aller de l’avant ? « Je m’interroge sur les attentes du public. J’ai grandi avec l’idée qu’un album était un marqueur important dans une carrière. Mais est-ce encore le cas ? Les gens attrapent un ­morceau au vol, s’en emparent. Est-ce qu’il ne vaut pas mieux des formats plus courts ? Je réfléchis encore… »

À l’époque, j’avais fait appel à des ­musiciens additionnels. Là, j’ai choisi délibérément de tout faire seule

Émilie Simon

En attendant, c’est en solo qu’Émilie a pris la route, début avril. Pour présenter la relecture de ce premier album si attachant, plus fouillé musicalement. « C’est une expérience étonnante de chanter différemment des morceaux écrits il y a plus de vingt ans, trente pour certains d’entre eux… Une manière de boucler la boucle. » ­

Émilie Simon a tenu néanmoins à conserver une forme d’épure. « À l’époque, j’avais fait appel à des ­musiciens additionnels. Là, j’ai choisi délibérément de tout faire seule. C’est ma manière de voir la musique, ma façon d’avancer. Je sais trop combien un regard, une phrase mal sentie, peuvent foutre un projet en l’air. » Les ­coccinelles rouges qui ornaient la pochette il y a vingt ans se sont muées en une seule. Un peu mutante, une carapace prête à craquer. Pour mieux s’envoler.

«ES» (PlayTwo). En tournée actuellement, le 10 septembre à Paris (Philharmonie)

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