Cinéma : «Ça» fait très peur !

Enorme succès aux Etats-Unis, l'adaptation du livre de Stephen King débarque sur les écrans aujourd'hui. Une réussite terrifiante.

Interdit aux moins de 12 ans, le film « Ça » met en scène un clown diabolique.
Interdit aux moins de 12 ans, le film « Ça » met en scène un clown diabolique. BROOKE PALMER

    Du jamais-vu depuis « l'Exorciste », en 1973. La folie «Ça» déferle sur les Etats-Unis depuis deux semaines et s'attaque aujourd'hui à la France, avec une sortie massive dans plus de 250 salles. Outre-Atlantique, ce film, adapté du roman éponyme de Stephen King, collectionne les performances : déjà 182 M€ de recettes en huit jours, et le meilleur démarrage de tous les temps pour un long-métrage sorti en septembre. Le record de recettes pour un film d'horreur, détenu par « l'Exorciste » (environ 194 M€), devrait être facilement battu...

    A l'origine du phénomène, on trouve « Ça », un gros pavé sorti aux Etats-Unis en 1986, là-bas le livre le plus vendu de l'année, publié en France deux ans plus tard. L'histoire traumatisante de préados vivant dans une petite ville, qui s'aperçoivent que leur commune abrite un être malfaisant apparaissant en costume de clown. Ce Mal incarné se réveille tous les vingt-sept ans et tue des enfants, se nourrissant autant de leurs peurs que de leur chair.

    VIDEO. La bande-annonce du film.

    La trame est fidèlement reprise par « Ça », le film du jeune réalisateur argentin Andrés Muschietti, nouveau grand maître de la trouille, puisqu'on lui doit déjà « Mama », grand prix du Festival du film fantastique de Gérardmer en 2013. Dans son long-métrage, qui n'adapte que la moitié du livre, celle où les protagonistes sont tout jeunes — la suite, déjà programmée, reprendra les mêmes personnages à l'âge adulte —, Muschietti a fait le pari de ne montrer que des acteurs inconnus, tous formidables, et surtout de ne pas lésiner dans l'horreur. Le monstre surgit dès les premières minutes, et les scènes chocs se succèdent. Mais « Ça » est aussi une très belle description des débuts de l'adolescence, quand les gamins se transforment, dans leur tête et leur corps, et doivent aussi affronter les vrais démons du monde réel, qu'ils s'appellent père incestueux, harcèlement scolaire ou dénigrement pour cause de surpoids...

    « Le génie de Stephen King, c'est de moderniser les grandes figures mythiques de l'horreur, celles qui datent de l'Antiquité, explique le psychanalyste Pascal Laëthier*. A ce titre, utiliser l'image du clown dans Ça est une très bonne idée. Car un visage de clown, c'est à la fois une image familière qui ramène à notre enfance, mais aussi un masque derrière lequel peut se cacher une menace. »

    Que les coulrophobes -ceux qui ont peur des clowns- s'attendent donc au pire ! Mais les autres frissonneront aussi, autant de peur que de plaisir. Et c'est normal, rassure Pascal Laëthier : « La figure d'horreur, c'est une figure humaine avec un aspect monstrueux. Elle est en nous, mais nous préférons la voir sur l'écran que dans notre vie ou nos cauchemars ! »

    « Ça », film d'horreur américain d'Andrés Muschietti, avec Bill Skarsgard, Jaeden Lieberher, Sophia Lillis, Jeremy Ray Taylor... 2 h 15. Interdit aux moins de 12 ans.

    * Egalement animateur du site Cinepsy.com.