SERGE TCHURUK, président du groupe pétrolier Total depuis 1990, a été nommé hier à la tête du groupe de télécommunications Alcatel-Alsthom, en remplacement de Pierre Suard, empêché par la justice d’exercer ses fonctions. Serge Tchuruk, un polytechnicien de cinquante-sept ans, a fait une part de sa carrière dans la chimie, notamment chez Rhône-Poulenc où il fut directeur général de la division engrais. Il prend ensuite la tête du groupe chimique Orkem. Il se taille une «stature de capitaine d’industrie et de financier» auprès des marchés, ainsi qu’une réputation de «redresseur d’entreprises» et de «stratège». Son passage à CdF Chimie, ex-Orkem, se traduit par 4 milliards de francs de résultat après deux ans de restructuration. Chez Total, l’ère de Serge Tchuruk se traduit aussi par une progression de la rentabilité – les profits atteignant 3,4 milliards de francs en 1994 sur un chiffre d’affaires de 135 milliards -, avec aussi des restructurations en chaîne dont la dernière en date (lire ci-contre) programme 300 suppressions d’emploi. Forgé aux techniques de direction américaines, l’homme est unanimement critiqué par les syndicats pour son «côté impérialiste, autoritaire et trop directif».