(Re)Marquer les territoires au Maghreb
Aïssa Merah, Vincent Meyer, Soumaya Mendili
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Aïssa Merah, Vincent Meyer, Soumaya Mendili. (Re)Marquer les territoires au Maghreb. Revue
Internationale de Management, Entrepreneuriat et Communication (RIMEC), 2021, 6, pp.7-16. hal03616838
HAL Id: hal-03616838
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Submitted on 30 Mar 2022
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SOMMAIRE
(Re)Marquer les territoires au Maghreb
Aïssa MERAH, Vincent MEYER, Soumaya El MENDILI
7
La ville intelligente : une émergence du marketing territorial
en Tunisie
Maroua HAMMAMI, Souad KAMOUN CHOUK
17
Usages des technologies numériques par l’administration
publique des villes algériennes : une évaluation de la
e-Administration dans la ville de Bejaia
Anissa KHELLADI, Houria AIT SIDHOUM
37
Développement durable : un nouvel enjeu pour la
communication numérique des collectivités territoriales : cas
du Conseil Régional Rabat-Salé-Kénitra
Issam EL MILOUDI, Soumaya El MENDILI
59
De la communication publique sur les sites historiques au
marketing territorial : cas du site de Timgad en Algérie
Fadia HANNACHI, Lamia MOUMENE
83
Communication sur le patrimoine architectural et attractivité
territoriale : cas des remparts de la ville de Taroudant
Fatima Zahra OUFARA
105
Communication de patrimonialisation pour le marketing
territorial : cas des patrimoines naturel et culturel de la région
de Taza
Hanane BARRADI, Mohamed BENDAHAN
121
Impact du marketing territorial : images associées à la
destination Maroc chez les touristes français
Adil EL HADRATI, Nawel CHAOUNI
139
5
Reconfiguration du rapport ville/tourisme de masse en
contexte de crise : cas de la ville de Monastir à l’épreuve de la
Covid-19
Mohamed HELLAL
159
La confiance dans la communication publique des acteurs
territoriaux : cas des zones arides de Douz et Menzel Habib en
Tunisie
Balkis MZIOUDET-FAILLON
191
De la communication publique sur un événement sportif
mondial au marketing territorial : cas des XIXe Jeux
méditerranéens Oran 2022
Mustapha GUENAOU
211
VARIA
231
L’interactivité, un défi pour les organisations publiques de
santé en Algérie
Chahinez LAIDLI
233
6
(Re)Marquer les territoires au Maghreb
Aïssa MERAH
Professeur, université de Béjaia - Algérie
Vincent MEYER
Professeur, université Côte d'Azur - France
Soumaya El MENDILI
Professeure, université Mohamed V - Rabat –Maroc
S’inscrivant dans le champ de la communication publique et territoriale,
ce dossier intitulé Communication publique et marketing territorial au
Maghreb : pour une communication responsable sur les territoires
constitue, à la fois, un temps et un espace de valorisation et de discussion
de résultats de recherche issus des trois pays du Maghreb (Maroc, Algérie
et Tunisie). En effet, il traite des aspects communicationnels axés sur
l’attractivité des territoires dans leur diversité en ressources à mobiliser et
à valoriser et en acteurs à impliquer et à engager. Nous entendons ici par
marketing territorial « la capacité d’un territoire à être choisi par un acteur
comme zone de localisation (temporaire ou durable) pour tout ou partie de
ses activités » (Poirot, Gérardin, 2010 : 27). La capacité d’un territoire
passe aussi aujourd’hui par des aspects à rentabiliser en enjeux de
développement humain et socio-économique : la préservation des
ressources, la valorisation des patrimoines naturels et culturels,
l’intelligence territoriale, la mise en tourisme, une concertation avec les
parties prenantes, la démocratie participative, une bonne gouvernance…
Les réformes politiques et institutionnelles engagées dans le sillage de
la vague des révoltes d’un « printemps arabe » par les gouvernements
maghrébins ont mis en avant plusieurs projets de territorialisation avancée,
d’élaboration de plans nationaux et sectoriels d’aménagement des
territoires, de concertation des acteurs et de participation citoyenne. Nous
considérons que la logique de centralisation au Maghreb, axée sur des
politiques publiques élitistes a montré ses limites et un changement de
mode de gouvernance s’impose maintenant selon une approche inclusive
et concertée basée sur une communication sur et pour le territoire. Les
expériences réussies en développement des territoires confirment que la
co-élaboration de stratégie de marketing territorial peut constituer un outil
d’accompagnement et de mise en œuvre de ces réformes. C’est pourquoi,
nous interrogeons les apports de la communication publique dans la mise
en œuvre de cette approche territoriale des politiques publiques fondée sur
la prise en charge des spécificités des territoires et l’implication de leurs
7
acteurs dans les programmes de développement. En outre, ces sujets
gagnent en pertinence et en actualité avec les processus d’ouverture
politique entrepris et l’adoption des stratégies visant le
développement territorial dans les pays du Maghreb surtout post-2011.
D’ailleurs, l’instabilité des recettes en exportations des matières premières
conduit ces pays à réfléchir sur une meilleure exploitation des potentialités
de leurs territoires et à rechercher des ressources alternatives basées sur la
diversification des activités économiques comme des ressources
financières en mesure de développer les territoires et ainsi améliorer le
cadre de vie de leurs populations.
L’évolution de la recherche empirique et l’enrichissement notionnel en
communication publique appliquée aux territoires se poursuivent et
s’intensifient au Maghreb. L’analyse des communications dites locales,
régionales, communales, municipales autrement dit, de « proximité » a
permis la consolidation de champs thématiques et professionnels comme
la communication territoriale (Mégard, 2012 ; Deljarrie et al., 2010) ou la
communication publique territoriale » (Cohen-Bacrie, 2008). Les sujets
liés à la communication dans et pour les territoires, notamment dans leurs
aspects d’aménagement comme de management, sont traités dans plusieurs
disciplines et champs : science politique, géographie physique, sociologie
urbaine, sciences de gestion. Cette pluridisciplinarité est riche de notions
et de méthodes, voilà pourquoi il nous faut interroger à nouveaux frais
celles des sciences de l’information et de la communication surtout dans
leurs développements au Maghreb. Ainsi ce numéro est-il dédié
spécifiquement au marketing territorial dans cette région du monde et
expose des aspects encore peu traités comme de nouveaux facteurs
contextuels et technologiques. L’objet du présent dossier s’inscrit
également dans une filiation en recherche avec celles réalisées par le
collectif franco-maghrébin Langages, objets, territoires et hospitalités1 et
les activités du projet ‘Communication et mutation de l’espace public au
Maghreb’ [17 MAG 22] du Programme Hubert Curien) avec diverses
publications (Morelli, Sghaïer, 2012 ; Merah, Meyer, 2015 ; Amsidder,
Bendahan, Abil, 2017 ; Bendahan, El Mendili, El Hassouni, 2018 ;
Bendahan, El Mendili, 2020).
La revue des publications scientifiques sur la communication
territoriale montre l’intérêt croissant de celle-ci pour les projets de
territorialisation, de gouvernance locale et de participation citoyenne. Il
faut souligner que la communication territoriale construite en un sous1
https://loth.hypotheses.org/
8
champ de recherche est envisagée ici comme « l’ensemble des
communications produites dans et sur un territoire. Il s’agit donc d’une
acception large de ce champ de la communication, qui met en avant deux
principaux aspects : d’une part, la relation identitaire (individuelle et
collective) des divers acteurs locaux à un territoire) ; d’autre part, une
approche communicationnelle du territoire qui fonde celui-ci sur les
discours et la production de sens par les acteurs » (Awono, 2015 : 90).
Dans ce cadre, les résultats des recherches accumulés et publiés depuis
maintenant une vingtaine d’années ont permis l’émergence de cette forme
appliquée de la communication publique pleinement insérée dans la
communication des organisations lato sensu. Ces résultats empiriques et
contextualisés ont aussi montré l’impact de cette communication et la capacité
de ses communicants à mobiliser et à impliquer des acteurs territoriaux. En
effet, sur le terrain, ce processus doit « susciter l’engagement subséquent et
continu des partenaires » (Divay, Mazouz, 2008 : 342).
Ces acteurs, désormais parties prenantes, du territoire objet de la
communication engagent donc un processus convergeant en interactions
dans une démarche de valorisation d’un espace géographique spécifique.
C’est pourquoi dans ce dossier les pratiques de valorisation des territoires
au Maghreb se définissent aussi comme « l’effort collectif de valorisation
et d’adaptation des territoires à des marchés concurrentiels, pour
influencer, en leur faveur, le comportement des publics visés par une offre
différente et attractive dont la valeur perçue est durablement supérieure à
celles des concurrents » (Gollain, 2014)2. Pour les économistes, la
concurrence entre les territoires qui remonte bien avant les années 1980 a
légitimé l’émergence du marketing territorial comme pratique, mais aussi
comme objet de formation et de recherche notamment dans le cadre des
politiques de développement local puis du développement durable. Devant
l’exacerbation d’une concurrence entre les régions touchées par des
transformations territoriales accélérées par des politiques publiques
couplées à des démarches compétitives, mais aussi à des crises
économiques, « ces régions doivent attirer de nouveaux investissements,
développer le tourisme ou devenir des pôles attractifs pour de nouveaux
types d’entreprises. Or, la concurrence est forte. Elle s’étale sur l’ensemble
de la planète où une multitude d’autres territoires tentent de charmer les
voyageurs et d’accueillir des grappes industrielles » (Proulx, Tremblay,
2006 : 241). Ainsi, la définition de Camille Chamard (2014 : 42) d’une
application du marketing avec une vision plus opérationnelle au Maghreb
2
Le Mercator : blog animé par Vincent Gollain http://www.marketingterritorial.org/
9
s’impose encore comme « une démarche qui vise à élaborer, sur la base de
la connaissance de l’environnement (géographique, démographique,
culturel, économique, social, politique), l’offre territoriale. Les dirigeants
élus au sein d’une collectivité territoriale (ville, conseil général, conseil
régional), accompagnés par les services, cherchent à répondre aux attentes
des diverses cibles : touristes, résidents, associations, entreprises,
investisseurs ». Il faut donc interroger si avec de telles démarches, nous
trouverons aussi des pratiques et caractéristiques d’une communication
dite responsable apte à permettre le développement d’activités, pensées ou
non, visant une véritable valorisation des territoires en mettant en avant la
diversité de leurs ressources : naturelles, patrimoniales, symboliques,
techniques et surtout humaines et ce, dans différents espaces et échelles
des territoires au Maghreb : villages, villes, régions urbaines, suburbaines
et métropolitaines. La communication territoriale responsable oscille donc
entre deux logiques légitimes et complémentaires ; à savoir, d’une part,
une réorganisation des territoires à la recherche de développement et de
prospérité et, d’autre part, une recherche d’éthique pouvant constituer la
responsabilité de la communication des acteurs défendant les notions
d’utilité publique (Meyer, 2012 : 63), de durabilité, d’authenticité et
d’économie sociale et solidaire.
Ont ainsi été retenues dans ce dossier, en priorité et en pertinence, des
études empiriques récentes et contextualisées pour qualifier l’apport de la
communication publique et responsable dans l’attractivité et la valorisation
des territoires, mais aussi pour montrer comment une démarche
communicationnelle – convoquant ou non une dimension médiatique et
journalistique – devient un outil de marketing territorial au Maghreb. Ces
études concernent des expériences de démarches associatives et citoyennes
abouties, initiées et réalisées en constituant des situations de concurrence
en complémentarité des dispositifs d’intervention étatique. De la sorte,
l’élaboration de stratégies de marketing territorial peut également
constituer un outil de légitimation des petits et moyens territoires dans une
décentralisation qui peine encore à s’affirmer notamment en matière de projets
d’aménagement structurants, d’accompagnement et de concertation des
parties prenantes du développement local dans une co-élaboration des
projets de développement comme dans des situations de controverse ou de
conflits d’aménagement territorial et au-delà, dans un avenir proche, dans
une urbanisation et un vivre ensemble qui convoquent de plus en plus les
technologies numériques. En effet, ces technologies et leurs plateformes et
réseaux numériques offrent aux acteurs territoriaux de nouvelles
possibilités et fonctionnalités leur permettant une promotion différente du
10
territoire. Dit autrement, les territoires numériques s’imposent de plus en
plus dans le giron de la communication publique par de nouvelles pratiques
citoyennes supposées apporter des solutions aux disparités sociales,
économiques et environnementales et par l’émergence des villes intelligentes.
Enfin, les articles constitutifs du dossier témoignent du dynamisme
d’un champ de recherche en effervescence où la coopération
internationale, et principalement celle de part et d’autre de la Méditerranée
doit se poursuivre voire s’accélérer. C’est ce à quoi œuvrent les
coordinateurs de ce numéro3.
Le premier article ‘La ville intelligente : une émergence du marketing
territorial en Tunisie ‘ de Maroua Hammami et Souad Kamoun Chouk,
interroge la notion même de ville intelligente dans une dimension
marketing axée sur le degré d’agilité dans l’accès à la connaissance
pratique d’un territoire maintenant connecté. Cette contribution revient sur
l’attractivité territoriale permise grâce aux technologies numériques
également investies dans le contrôle d’une incertitude environnementale.
Les auteures proposent une revue de littérature ciblée sur les concepts liés
au couple territoire/intelligence comme sur l’émergence d’une nouvelle
forme et vision de gouvernance des territoires via le marketing territorial.
Ce faisant, elles mettent en avant l’expérience tunisienne en la matière.
Plus précisément, la transposition de cette gouvernance des villes
intelligentes versus attractives dans le contexte tunisien a un moment où
elle relève davantage encore d’un exercice d’alignement aux normes de
marketing territorial que d’une démarche réfléchie projetée dans l’avenir.
3
Nous remercions vivement les membres des comités scientifiques et de lecture pour
leur contribution à ce numéro : Abdellah Abil, (ENCG d’Agadir), Yassine Akhiate
(UM5R), Abderrahmene Amsidder (Université d’Agadir), Nacer Aoudia (Université
de Béjaia), Jacques Araszkiewiez (Université Côte d’Azur), Mohamed Bendahan
(UM5R), Mourad Ben Jelloul, Université de Tunis), Syrine Benslymen (Université de
Mounastir), Yamine Boudhane (Université Sétif 2), Hafida Boulekbache (Université
de valenciennes), Said Chakouk (UM5R), Amélie Coulbaut (Université GrenobleAlpes), Cyril Drouot (Université Côte d’Azur), Mouna el Gaid (Université de
Lorraine), Hassan Ennassiri (Université d'Agadir), Leila Hammoud (Université de
Béjaia), Mohamed Hellal (Université de Sousse), Mounir Jarraya (Université de
Sfax), Abdelouahab Makhloufi (Université de Batna2), Nadia Moumen (UM5R),
Farid Toumi (Université d’Agadir), Lise Vieira (Université Bordeaux Montaigne),
Philippe Viallon (Université de Strasbourg), Khadija Youssoufi (Université d'Agadir),
Hayat Zerouali (ESI de Rabat).
11
Dans une vision économiste cette fois-ci, le deuxième texte présente un
diagnostic de l’usage du numérique par et dans les villes algériennes. Avec
les ‘Usages des technologies numériques par l’administration publique
des villes algériennes : une évaluation de la e-administration dans la ville
de Bejaia’, Anissa Khelladi et Houria Ait Sidhoum interrogent le rapport
institutions publiques/citoyen. Avant de procéder à l’analyse du processus
de la e-administration dans la ville de Bejaïa, les auteures reviennent sur
les avantages de l’administration électronique et ce, surtout avec
l’urbanisation accélérée et la mauvaise qualité des prestations et des
services publics. L’accent est mis ici sur les éléments d’attractivité d’une
ville intelligente qui commence par l’adoption du numérique par les
collectivités territoriales et les institutions publiques. Pour elles, en se référant
à la théorie mobilisée et aux expériences situées, la mise en œuvre d’une eadministration constitue un facteur déterminant dans l’instauration d’une
gouvernance intelligente. Le choix de la ville de Bejaïa, à vocation multiple,
est pertinent pour illustrer les concepts et les pratiques d’une administration
en ligne en devenir, de la numérisation des services à l’interactivité
ville/usagers à des fins de marketing urbain et d’attractivité territoriale.
Toujours dans cette vision de mobilisation des applications et solutions
du numérique dans la gouvernance et l’attractivité territoriales, Issam El
Miloudi et Soumaya El Mendili rapportent une expérience marocaine en
matière de communication territoriale contextualisée axée sur le
développement durable. Dans leur article ‘Développement durable : un
nouvel enjeu pour la communication numérique des collectivités
territoriales : cas du Conseil Régional Rabat-Salé-Kénitra’, ils
expliquent comment le modèle de développement durable s’impose
comme un projet de société et un modèle de développement du XXIe siècle
basé sur la mobilisation rationnelle des ressources. Mettant en avant les
politiques publiques marocaines, le texte revient sur les différentes
stratégies et étapes qui retracent l’évolution de la conception du Royaume et
de sa mise en œuvre et ce, notamment dans le cadre de la régionalisation
avancée. Conscients de l’importance du développement durable dans
l’attractivité d’un territoire, les contributeurs se focalisent sur la promotion de
ses composantes économique, sociale et environnementale dans la
communication publique numérique d’une région. L’analyse qui se veut à la
fois qualitative et quantitative porte sur les formes et les fonctionnalités de la
communication fournies par les dispositifs numériques de la collectivité.
Après, mais aussi avec, la mobilisation des technologies numériques,
les thématiques des patrimoines reviennent en force. Dans leur article
12
‘De la communication publique sur les sites historiques au marketing
territorial : cas du site de Timgad en Algérie’, Fadia Hannachi et Lamia
Moumene traitent du rôle de la médiatisation dans la valorisation d’un
patrimoine culturel matériel. D’emblée, les auteures soulignent que le
patrimoine n’est pas valorisé par sa simple existence. Classiquement, elles
insistent sur le rôle de la communication publique et territoriale dans la
transformation des sites historiques et leurs bâtis en patrimoine reconnu et
classé avec ses vocations : artistique, culturelle, historique et touristique.
Mais surtout, elles expliquent comment un patrimoine quelque peu oublié
peut constituer un facteur mobilisable dans le marketing culturel versus
territorial. Pour elles, la patrimonialisation d’un site archéologique par sa
communication permet son exploitation comme destination touristique
tout en stimulant l’économie du territoire environnant. En ce sens,
l’enquête menée présente aussi une analyse des actions de communication
patrimoniale sur le site de Timgad en Algérie dans le cadre des politiques
publiques culturelles et touristiques.
Toujours dans cette dimension patrimoniale du bâti, Fatima Zahra
Oufara à travers son article, ‘Communication sur le patrimoine
architectural et attractivité territoriale : cas des remparts de la ville de
Taroudant’ revient sur la communication liée au patrimoine architectural.
Elle aborde et évalue la complémentarité entre trois notions : patrimoine
architectural, communication et attractivité territoriale. Pour ce faire, elle
expose les potentialités patrimoniales et culturelles d’un site architectural
« militaire » dans un territoire à valoriser en termes de ressources et
d’attractivité touristique. Ceci en tenant compte des paramètres de
durabilité, d’authenticité et d’insertion d’un élément spécifique : les
remparts de la ville de Taroudant. Pour l’auteure, cette valorisation
spécifique nécessite une stratégie réfléchie et située qui mobilise
différentes formes et pratiques communicationnelles sur ce patrimoine
avec ses parties prenantes : de la sensibilisation pour le préserver, du
plaidoyer pour le restaurer, de la patrimonialisation pour le reconnaître, et
de la valorisation pour une mise en tourisme.
À la suite encore dans ce triptyque patrimoine-communicationdéveloppement territorial, Hanane Barradi et Mohamed Bendahan
reviennent dans leur article ‘Communication de patrimonialisation pour
le marketing territorial : cas des patrimoines naturel et culturel de la
région de Taza’, sur le patrimoine naturel et culturel comme ressource du
développement territorial et moteur d’un développement durable centré sur
l’humain. Les auteurs se focalisent sur l’Homme dans sa diversité
13
culturelle en mettant en avant le patrimoine immatériel et l’héritage
culturel des communautés constitutives de la société marocaine. Dans leur
contribution, ils expliquent comment le patrimoine dans toutes ses formes
et ses vocations fournit des atouts pour un développement territorial
notamment en matière d’équilibre régional et de durabilité des ressources.
Pour éclairer cette problématique, ils choisissent la région de Taza et ses
potentialités naturelles et culturelles. Si celles-ci constituent de réels
facteurs d’attractivité, l’enquête de terrain menée a montré comment la
communication sur les patrimoines culturel et naturel de Taza les a
transformés en vecteurs de marketing territorial et développement local qui
doit être, selon eux, surtout humain et social.
Dans ce numéro, la dimension touristique est, elle, abordée à travers
l’attractivité d’un territoire avec ce rappel d’un principe simple en
tourisme : la visite est déterminée par une image associée à la destination.
En effet, dans leur contribution Adil El Hadrati et Nawel Chaouni intitulée
’Impact du marketing territorial : images associées à la destination
Maroc chez les touristes Français’, présentent les résultats d’une enquête
sur l’image perçue de la destination « Maroc ». Les auteurs reviennent sur
certains concepts clés de la filière à l’ère du numérique : du e-tourisme, du
branding territorial, applications, touriste connecté, prestation digitalisée
et campagne en ligne. Les auteurs mettent en avant la stratégie
gouvernementale dans l’utilisation des dispositifs numériques pour une
promotion de l’attractivité touristique de la destination marocaine afin de
s’adapter aux attentes et aux pratiques touristiques actuelles. Cet article
rapporte une évaluation comparée de l’image de la destination ‘Maroc’
chez les touristes potentiels avec celle des touristes réels. Ainsi les auteurs
ont-ils comparé l’image construite à travers les techniques de branding
marketing en ligne et celle construite via l’expérience.
Le texte de Mohamed Hellal ‘Reconfiguration du rapport
ville/tourisme de masse en contexte de crise : cas de la ville de Monastir
à l’épreuve de la Covid-19’ propose d’examiner la reconfiguration d’une
activité touristique en période de pandémie. Un sujet d’actualité s’il en est,
qui s’impose devant l’ampleur de ses effets sur ce secteur avec diverses
recompositions dont le glissement de la vocation du tourisme balnéaire de
masse en tourisme médicalisé. la transformation des structures et
résidences hôtelières en cliniques et l’introduction de prestations
médicales. Avec elle, c’est aussi un rapport réinventé ville/tourisme qui
affleure par l’urgence sanitaire et le souci de rentabilité des équipements
du tourisme de Monastir en Tunisie ; une nouvelle ville désormais à
14
vocation hybride : touristique et médicale. L’auteur insiste sur les enjeux
futurs de cette hybridation en contexte de crise notamment en termes
d’attractivité touristique et de promotion d’une offre maintenant combinée
d’un branding territorial de crise.
Sur un autre niveau de la communication, Balkis Mzioudet-Faillon
discute dans son article intitulé ‘La confiance dans la communication
publique des acteurs territoriaux : cas des zones arides de Douz et
Menzel Habib en Tunisie’. En effet, la composante de la confiance dans
la communication publique reste un facteur clé de la mise en relation des
communicants publics avec les populations locales. Le point de départ de
son étude est un constat de défiance/méfiance des citoyens des zones
arides, fragiles et menacées du Sud tunisien, déjà bénéficiaires de
nombreux projets d’aménagements et de programmes sociaux à l’égard des
acteurs territoriaux : élus, institutionnels, associatifs et chercheurs. Pour
elle, l’apport de la communication territoriale dans la construction et la
réalisation de projets communs est d’abord celui de permettre une
acceptation et une adhésion agissante des populations et leurs
représentants. Pour elle encore, c’est une communication d’implication qui
nécessite la mobilisation d’une identité territoriale comme d’un sentiment
d’appartenance chez la population bénéficiaire. C’est à ces conditions
seulement que les questions de préservation et de valorisation de ces zones
et territoires s’inscrivent dans des démarches de marketing et de
développement territoriaux avec les populations.
La dernière contribution de Mustapha Guenaou intitulée ‘De la
communication publique sur un événement sportif mondial au marketing
territorial : cas des XIXe Jeux méditerranéens Oran 2022 porte sur
l’événementiel et ses potentialités dans l’attractivité territoriale. L’article
analyse les marqueurs classiques de la stratégie combinée push - pull en
communication publique. Pour le chercheur, l’adoption de cette combinaison
s’explique par les techniques et les pratiques communicationnelles sur
l’événement couplant la notoriété et l’attractivité d’une ville d’accueil de jeux.
Au-delà de leur caractère sportif, les Jeux méditerranéens présentent une
opportunité pour les activités liées à l’économie touristique de la ville. Ici, la
réussite de la stratégie de communication envisagée est déterminée par le
degré de maîtrise contextualisée des principes théoriques et pratiques du
marketing territorial. L’ensemble dépend aussi de la capacité de mobilisation
des acteurs et des ressources du territoire, en patrimoines et en savoir-faire
culturel, comme de la pertinence des sujets choisis portant sur l’événement, la
ville, la population et les visiteurs.
15
Bibliographie
1. AWONO Richard, « La communication territoriale : constructions
d’un champ », Communiquer [En ligne], 15 | 2015, mis en ligne le
17 octobre 2015, consulté le 30 avril 2019. URL:
http://journals.openedition.org/communiquer/1686;DOI:
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développer l’attractivité et l’hospitalité des territoires ?,
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gestionnaire stratège local » in Mazouz, B. (dir), Le métier de
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rôles - Nouvelles fonctions - Nouveaux profils, 2008, PUQ, pp.
333-360.
4. GOLLAIN Vincent, Réussir sa démarche de marketing territorial :
Méthode, techniques et bonnes pratiques, Voiron, Territorial
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développement »,
149(1),
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https://doi.org/10.3917/med.149.0027
7. PROULX Marc-Urbain et TREMBLAY Dominic, « Marketing
territorial et positionnement mondial : Global positioning of the
peripheries with territorial marketing ». Géographie, économie,
société, 8(2), 2006, pp. 239-256.
16